Du côté de l’Arriou-Né : 5 encadrants pour 1 accident…

5 encadrants pour 1 accident…. Un titre accrocheur comme savent le faire les journalistes friands de sensationnel… Mais tout de suite des nouvelles rassurantes : « seulement » une entorse du genou pour Marc à la descente et il n’y a là rien de sensationnel, mais de la douleur pour l’intéressé et de l’empathie pour ceux qui sont avec lui.

La journée avait bien commencé pour moi : pas de préoccupation  ni sur l’itinéraire, ni sur la nivologie, ni sur la métérologie car j’étais, une fois n’est pas coutume,  un vulgum pecus au sein de cette collective conduite par Roger qui ne regroupe pas moins de 5 encadrants…
Le projet du jour et non pas l’objectif – comme ça, si on change ou si on ne le réalise pas, pas de regret à avoir et on reste positif – c’est l’Arriou Né ou en bon français , le petit ruisseau noir… Rien qu’à parler de noir, j’aurais dû me douter que le chat éponyme pointerait le bout de son nez à moment ou à un autre auc ours de cette journée.

Un petit portage en guise de tour de chauffe jusqu’aux granges et chaussage des skis vers 1500 m d’altitude. Neige dure, couteaux sur les skis, rythme soutenu, pente soutenue aussi, la mise en jambe pour un samedi matin ensoleillé est rude, mais se secouer un peu ne fait pas de mal. Sur le premier replat, petit conciliabule sur le choix des versants et des pentes pour la suite: notre préférence ira vers les versants Est et Nord dans du « pas raide », c’est à dire moins de 30°.

Le groupe poursuit allègrement son bonhomme de chemin sur une belle trace dessinée par Roger. L’Arriou Né pointe le bout de son nez et toujours pas de chat à l’horizon : ouf ! Sous la houlette de Roger, bifurcation vers le col de Bat Houradade, mais nous étions prévenus : l’objectif n’est pas important puisque ce n’est qu’un projet. La petite pente exposée Nord d’un sommet sans nom culminant à 2610 m  et dominant le col paraît bien sympathique car quelques beaux virages y sont dessinés et en plus, c’est moins loin que l’Arriou Né qui fourmille de skieurs de randonnée…. Nous serons donc plus tranquilles et c’est ainsi que nos spatules se tournent donc  naturellement vers cette pente.

Petite pause au sommet où grésille un barbecue, oui, un barbecue- je n’ai pas eu de vision, je vous rassure – , qui génère une odeur n’invitant pas forcément à la dégustation…

Nous voilà repartis pour la descente jusqu’au col – 22 virages pour moi, parfaitement dessinés dans une neige plutôt bonne – pour un ancien gendarme, on ne se refait pas, il en fallait 22 , ni plus, ni moins… –  et enfin pause casse-croûte pour tout le groupe. Le soleil chauffe, la neige s’humidifie, il est temps de redescendre dans la vallée. Et vlan, le chat noir sort ses griffes : Marc fait une chute dans cette neige lourde au-dessus du lac de l’Espuguette à 2350 m. Appels, pas de réponse,… Bigre, il se passe quelque chose… Je remets en 2 temps, 3 mouvements mes peaux pour remonter jusqu’à lui et à Ghislaine qui est serre-file.

Premier bilan :  le genou gauche a subi une torsion sévère sans déchaussage du ski..
Un petit déshabillage pour voir : un léger gonflement du genou mais pas de douleur au toucher.
Néanmoins la douleur est suffisamment présente pour ne pas poursuivre la descente et demander l’intervention des secours.

Ghislaine en action. Garmin en assistance: donne-nous les coordonnées UTM – ça va quand même plus vite qu’avec la carte -. Smartphone : connecte-toi du réseau. 112 , réponds-moi : ne quittez pas, je vous passe le secours en montagne. Passage des infos : coordonnées, type de blessures, nombre et état des victimes, visibilité,…Mise en sécurité de tout ce qui peut voler et attente.

Arrivée de l’hélico  « Gendarmerie » 30 minutes plus tard avec 2 secouristes  de la CRS 29 et un médecin du SAMU : interrogatoire en règle – médical et identitaire – puis pose d’une attelle. L’hélico est allé se poser sur un replat à quelques centaines de mètres sans couper son rotor. Fin de l’intervention qui n’a duré que quelques minutes et  Bravo Charlie est rappelé par les secouristes. Poser sur un patin tout en délicatesse , embarquement rapide du blessé et de son matériel, puis décollage plongeant dans la vallée pour rejoindre l’hôpital de Tarbes.

Ghislaine et moi rechaussons nos skis pour retrouver le reste du groupe resté en contrebas. Petit point sur cet incident et reprise de la descente dans une neige très lourde et piégeuse en empruntant toujours les pentes les moins raides. Déchaussage au point de départ et portage pour le retour aux véhicules.

Un premier SMS de Marc : entorse et épanchement de synovie du genou gauche. La décision de ne pas poursuivre la descente et d’appeler les secours était donc sage. Le groupe est rassuré, l’encadrant aussi.

La sortie se termine comme d’habitude par le traditionnel pot de l’amitié sur une terrasse de Luz.

Merci à Roger pour ce projet sympathique et bon rétablissement à Marc.

La maxime du jour empruntée à Reinhold MESSNER pour rappeler que, malgré la compétence et l’effectif de l’encadrement, la montagne nécessite toujours la plus grande vigilance et que nul n’est à l’abri de l’accident.

La montagne n’est ni juste, ni injuste. Elle est dangereuse.

La trace du jour : https://www.visugpx.com/c8yjdq47Cl

Les photos du jour : https://photos.app.goo.gl/h459x6tVqMNy8PwV2